Fonds de commerce au Maroc : ce qu’il faut savoir


Un fonds de commerce est tout simplement comme une base de données, un ensemble de biens ou une clientèle existante permettant à une entreprise naissante de ne pas partir de zéro. Pour être sûr de faire une bonne affaire lors de l’acquisition d’un fonds de commerce, il y a certains indicateurs à prendre en compte. Cet article vous détaille tout ce qu’il faut savoir sur le fonds de commerce, sur son utilité et sur les moyens d’en acquérir.

Qu’est-ce qui constitue le fonds de commerce ?

Le fonds de commerce est déterminé par des éléments corporels et des éléments incorporels.

Éléments corporels : les éléments dits corporels d’un fonds de commerce sont les outils utilisés pour l’activité ou les marchandises ou encore le matériel. Si vous devez racheter par exemple une enseigne qui avait été utilisée pour la vente de vêtements, les éléments corporels seront par exemple les étagères de présentations, les mannequins, la décoration intérieure, les cabines d’essayage, la caisse pour les paiements et tous les outils et matériels utiles à l’exposition et à la vente des vêtements.

Éléments incorporels : en prenant en compte notre exemple ci-dessus, les éléments incorporels sont la dénomination de l’enseigne, la clientèle déjà affluente, le bail commercial, le signe affiché sur l’immeuble ou le local, toutes les autorisations administratives d’exploitation déjà accordées par les autorités (hormis les autorités concernant la personne du propriétaire), le contrat d’assurance, le contrat de travail ou de bail ou encore les droits de propriété intellectuelle, etc.

Qu’est-ce qui ne fait pas partie du fonds de commerce ?

Si la clientèle fait impérativement partie du fonds de commerce, les dettes et toutes les sommes dues avant la cession du fonds de commerce ne font pas partie de ce fonds de commerce lors de la transmission. De même, le fonds de commerce n’inclue pas que l’on rachète automatiquement le local où s’exerce l’activité. Si un entrepreneur prévoit racheter le local ou d’autres éléments du fonds de commerce, le rachat devra être pris en compte lors des négociations. En plus, les documents comptables ne font pas partie de ce fonds, même si ceux-ci doivent rester à disposition de l’acquéreur.

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Comment évaluer le prix d’un fonds de commerce ?

Si un entrepreneur veut faire une bonne affaire durant l’acquisition d’un fonds de commerce, il doit prendre en considération certains paramètres et savoir négocier à chaque étape du processus d’acquisition :

Matériels, outillage et marchandises : il faut prêter une attention particulière à la qualité du matériel et des outils qu’on souhaite acquérir. Il est aussi important de vérifier la rapidité de l’écoulement des stocks et de veiller à ce que la marchandise qui est transmise soit en bon état.

Chiffre d’affaires : il est préférable de réclamer de la part du cédant le chiffre d’affaires des trois dernières années si possible, en ayant le détail pour chaque mois. Cette information permet de savoir à quoi s’attendre en termes de chiffres d’affaires lors de la reprise des activités. Le cédant doit donner la liberté à l’acquéreur de consulter les documents comptables sur 3 ans après la date d’acquisition du fonds de commerce. N’hésitez pas à faire appel à un expert-comptable pour vous aider à analyser les comptes avant de finaliser l’achat.

Le voisinage et l’environnement : le prix du fonds doit prendre en compte l’endroit où se situe le local. Il est aussi important de penser aux concurrents qui sont à proximité quand on négocie le prix du fonds de commerce. Il faut vérifier les installations futures des concurrents ou encore la manière dont le lieu est desservie par les transports ou les futurs aménagements routier et urbain dans le secteur. Vous pouvez demander de l’aide à la mairie pour avoir plus de précision.

Gestion de la clientèle : il est bien d’avoir un retour sur comment l’ancien vendeur gérait sa relation avec la clientèle. Vous saurez ainsi quoi faire à la reprise pour redonner confiance aux clients ou pour conserver l’amitié qui existe déjà.

Une fois que tous ces éléments ont été passés en revue et qu’on se met d’accord sur un prix, il est recommandé de signer un protocole d’accord ou une promesse de cession de fonds de commerce avant la signature définitive du fonds de commerce. Toutefois, la signature d’un protocole ou d’une promesse n’est pas obligatoire et on peut passer directement à la signature du contrat.

Avantage pour le cédant du fonds de commerce

Toute personne qui cède un fonds de commerce peut faire inscrire un privilège de son fonds au registre du commerce. Cela signifie que dans le cas où le nouvel acheteur n’arrive pas à payer la totalité du prix de cession, le vendeur a le droit de remettre son fonds de commerce aux enchères publiques pour compenser les impayés. Nous rappelons que ce type d’inscription au niveau du registre de commerce ne requiert pas de publication dans les journaux.

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Le cédant peut aussi avoir une action résolutoire. Cela signifie qu’il a le droit d’effacer sur le plan juridique le contrat de vente de fonds de commerce dans le cas où il veut reprendre son fonds de commerce par manque de paiement du nouvel acquéreur.

Comment se passe la vente d’un fonds de commerce ?

Pour réussir l’achat ou la vente d’un fonds de commerce, il faut savoir en détail ce que comprend ce fonds de commerce (les éléments corporels et incorporels). En plus, il est important de se faire accompagner par un notaire qui aura pour mission de rédiger l’acte de cession du fonds de commerce. Nous rappelons que la présence d’un professionnel tel que le notaire est cruciale, car il est formé pour rédiger des documents authentiques, et peut faciliter les enregistrements auprès des services des impôts et accélérer les démarches pour la vente.

Qu’est-ce qu’un nantissement de fonds de commerce ?

On parle de nantissement de fonds de commerce lorsqu’un propriétaire utilise son fonds de commerce pour garantir le paiement d’une dette. Toutefois, ce propriétaire n’est pas dépossédé de son fonds de commerce et en reste toujours propriétaire et utilisateur. Lors du nantissement, le propriétaire du fonds de commerce peut énumérer ce qui se trouve dans le nantissement. Mais en cas d’absence d’énumération, le nantissement concerne automatiquement le droit au bail, la clientèle, le matériel, les outils, les brevets et licences ou encore les marques de fabrication et le mobilier commercial.

Que dit le droit marocain sur le fonds du commerce ?

Prix de vente : puisque les éléments sont scindés en corporels et incorporels, la définition du prix doit aussi être distincte pour chacune de ces parties. Une fois que le prix de vente total du fonds de commerce a été fixé, ce montant doit être déposé auprès d’une instance habilitée et choisi pour la conservation de tous dépôts.

Enregistrement et formalité : lors de l’achat, l’acquéreur du fonds de commerce a l’obligation de faire un enregistrement en payant les timbres et il doit déposer un exemplaire de l’acte au secrétariat-greffe au niveau du tribunal qui correspond au fonds de commerce. Si le fonds de commerce a plusieurs succursales, on dépose l’exemplaire au niveau du tribunal du principal établissement du fonds de commerce.

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Il est également important d’enregistrer un extrait de l’acte de vente au niveau du registre de commerce. À noter que l’extrait doit impérativement mentionner le prix total de la vente, les noms et prénoms de l’ancien et du nouveau propriétaire, la date et la nature de l’acte, le siège du fonds de commerce, le siège des succursales (s’il y en a), le délai en cas d’opposition, ainsi que le domicile sélectionné conformément en fonction du tribunal concerné.

Une publication doit aussi se faire dans le Bulletin Officiel et dans le Journal d’Annonces Légales après l’inscription au registre du commerce. Cette publication doit prendre en compte la totalité de l’extrait inscrit au registre du commerce aux frais des parties par les soins du secrétaire-greffier.

Opposition des créanciers du vendeur : après la publication au BO, les créanciers ont un délai de 15 jours pour former une opposition au paiement sous forme de lettre recommandée avec accusé de réception qui sera adressée au tribunal. La lettre doit obligatoirement mentionner les causes de créances ainsi que le montant. Sans ces informations, elle est considérée comme nulle. Le vendeur peut néanmoins demander l’autorisation de toucher son prix dans un délai de 10 jours après les délais fixés pour l’opposition. Toutefois il devra verser un montant permettant de répondre aux causes de l’opposition s’il reconnait qu’il est débiteur.

Action résolutoire : on parle d’une action résolutoire lorsque le vendeur demande l’annulation du contrat de vente (avec effet rétroactif) pour faute d’impayés de la part de l’acquéreur. Le vendeur va donc récupérer tout son fonds de commerce. Toutefois, pour que cette action soit valable et acceptée, il faut qu’elle apparaisse dans l’inscription du privilège et le vendeur doit en informer le créancier. Ce dernier pourra finaliser le paiement pour éviter que l’achat ne soit annulé totalement. De même, il est important de savoir qu’un jugement de résolution doit être prononcé par le tribunal dans un délai de 30 jours après la notification de la résolution du vendeur à l’acquéreur- créancier.

Enfin, il faut savoir que la résolution ne concerne que les éléments qui ont été intégrés dans la vente.

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